Il y a rafale et rafales

Le 03/03/2017

Dans Naviguer

Texte Y.GG

 

Il y a rafales et rafales

Lorsque la météo nous annonce des rafales nettement supérieures au vent moyen, cela peut parler de formes de surventes très différentes, qui ne font pas appel au même type de réaction du skipper ou du barreur. Voici ce qui me semble représenter les 2 types principaux :

Manche à air

 

1- La rafale brève et soudaine.

Fréquente par vents de terre, elle se produit aussi dans d'autres régimes de vent. Elle dure en général moins d'une minute, arrive parfois comme une claque, mais elle est annoncée par une zone dont la surface de l'eau a un aspect ridé, comme passée à la rape.
Cette zone se déplace beaucoup moins vite que le vent qui la surmonte. Elle se produit même, et souvent, sans aucun nuage qui puisse lui être associé. Sa dimension spatiale est d'ailleurs souvent bien plus petite que les cumulus éventuellement présents.
La réaction, c'est lofer et/ou choquer les écoutes pendant un court laps de temps (et en profiter pour gagner au vent si on est en louvoyage). Dans ce type de temps il est prudent d'avoir l'écoute en main, ou de la bloquer avec un nœud largable instanément (le « nœud d'écoute » n'a pas été inventé pour rien), ou avec un coinceur tout aussi largable en urgence.

2- La survente de grains

Beaucoup plus longue, de l'ordre du quart d'heure, elle est aussi moins brutale. Mais le renforcement du vent peut être aussi important, et surtout la mer se renforce elle aussi pendant ces passages.
Ce renforcement de la mer est d'ailleurs surprenant dans la mesure où les nuages sous lesquels, ou autour desquels, se produisent ces surventes semblent souvent ne pas avoir une dimension suffisante pour produire un fetch tel qu'il expliquerait de telles vagues.
Mais le fait est là : il ne suffit pas de choquer l'écoute. On peut non seulement être amené à réduire la toile, mais surtout il faut surveiller les lames pour faire face éventuellement (en lofant) à celles qui menacent de déferler et de s'écrouler dans le bateau. Si la météo a annoncé un vent de X noeuds toute la journée, venant du large, et « complété » par des rafales, c'est souvent de telles surventes de grains dont il s'agira (qu'il pleuve ou non).
Quand on prend ça sur la tronche et qu'on se retrouve dans la grisaille, on peut se demander s'il s'agit d'une dégradation imprévue et durable du temps. Mais le plus souvent, une fois le train de nuages passés, ça revient à la situation antérieure ou presque.

3. ma conclusion

Voici la conclusion que j'en tire, et que je soumets à votre réflexion et à votre expérience : pour savoir de quoi il retourne, et décider la conduite à tenir, il est utile d'observer les arrivées de tels trains de nuages. S'agit-il d'une masse limitée suivie d'un ciel plus clair ? Son passage devrait alors durer entre 5 à 20 minutes et sera suivi d'un apaisement. Ou s'agit-il d'une masse sans limite visible au loin, qui rendra tout le ciel merdique, et la mer avec ? Pour ce cas, il est utile d'avoir en tête les refuges accessibles.

commentaires

 

Bonjour Yves,
Tout à fait d'accord.
Dans le cas 2, c'est bien difficile de prévoir le vent en force et direction qu'il y aura sous un grain, dans le doute, "salue le grain, si tu veux vivre vieux marin".
Amitiés
Christian D

 

Merci Yves pour ces réflexions très automnales... Une invitation à sortir par deux ris dans la GV?Pour le 1er type de rafales que tu décris, et lorsque l'on est sur un bateau plus grand que nos modeste voile-aviron, on entend souvent à bord le long cri de l'équipier n°1 (celui qui s'occupe des voiles d'avant) qui alerte le barreur par un "ryze à deux longueur!!!" (ou risée!). Le barreur en profite évidemment pour lofer et gagner au vent. Quand c'est déjà limite le gars au wich de GV est chargé de donner un peu d'écoute pour ouvrir la GV. On limite ainsi l'embardée pour maintenir le bateau dans ses lignes. 
Si les rafales peuvent être une aubaine au près serré pour gagner au vent, je trouve personnellement qu'elles sont souvent plus délicates à gérer lorsque l'on est au vent portant. Pas de possibilité alors d'ouvrir la GV, et le départ au lof est risquée pour nos petites embarcations. Il est alors vivement conseillé d'anticiper largement en réduisant la GV, ou en changeant les voiles d'avant (ou les deux). Il faut bien connaître son bateau pour savoir par quoi on commence (maintenant sur Claranse j'ai tendance à commencer par changer de foc avant de prendre un ris dans la GV). Attention également à la répartition des poids sur nos bateaux. Il est conseillé d'être actif en n'hésitant pas à se mettre au rappel pour compenser une survente. Ceux qui étaient présent sur la gavotte lors du retour vers LR se souviennent de la concentration nécessaire dans le vent fort au portant...
Amicalement,Sébastien