Voile au tiers bômée : des performances meilleures que vous pouvez l'imaginer!

Le 09/02/2017

Dans Voile au tiers

Par Ross Lillistone
traduction Danilus

Ce texte est  traduit de l'anglais avec l'aimable autorisation de l'auteur. On trouvera l'article original sur ce blog."Lillistone'sblog"

J'ai perdu le compte du nombre de fois où j'ai lu les commentaires de gens qui disent que la voile au tiers peut être simple à gréer, facile d'ariser et facile à utiliser, mais qu'il y a un prix élevé à payer pour ces bons points, et que le prix en est la mauvaise performance au vent, surtout quand la voilure n'a ni foc ni trinquette.

Perriwinkle gréé en catketch au tiers

image : forte concentration pour doubler un banc de sable sur un canot vieux de 45 ans, équipé d'une voile au tiers bômée sans foc.

Les préjugés contre les gréements au tiers sont tenaces parce que tant de gens sont dérangés par l'asymétrie d'avoir la bôme, la vergue et la voile sur un seul côté du mât ; pour la plupart des observateurs théoriciens, cela semble juste une hérésie.

J'avoue avoir souffert du même préjugé, et la seule chose qui m'a forcé à tenter une gréement asymétrique a été mon intérêt pour la voile de jonque chinoise. En 1984 j'ai équipé mon bateau avec une voile au tiers chinoise (alias gréement de jonque) ce qui m'a permis d'apprendre de première main quant à ses performances et son maniement.

Ce gréement s'est avéré, pour être sur un bateau de promenade, exceptionnellement bon, mais il a fallu beaucoup de travail de développement pour la mise en forme de lattes, avant de commencer à naviguer vraiment bien. Pour le gros temps, naviguant dans des conditions difficiles, je n'ai jamais eu quelque chose de mieux. Cependant, il était lourd et complexe pour une utilisation sur un dériveur.

Eh bien, malgré le fait que les marins professionnels aient utilisé la voile au tiers pendant des siècles, les marins d'aujourd'hui semblent avoir beaucoup de difficultés à surmonter leurs sentiments au sujet de l'asymétrie et leur estimation d'un mauvais rendement au vent.

Récemment, un groupe d'amis voileux a passé quelques jours au lac Wivenhoe, dans le sud-est du Queensland, en Australie, et quelques vidéos intéressantes furent prises (vidéos de Paul Hernes) montrant Rick O'Donnell et John Shrapnel naviguant ensemble, Rick sur son Fulmar conçus par Iain Oughtred et John sur Periwinkle ( Bigorneau, n.d.t), que j'ai conçu et construit pour lui. Ce jour-là, Rick avait un seul ris pris à sa grand-voile et John avait enlevé sa voile d'artimon de 52 sq.ft (4,83 m²), ainsi les deux bateaux portaient une voilure réduite.

VIDEO

 

Fulmar de Rick est un peu plus long que sur les plans d'origine, car je crois qu'il a augmenté l'espacement des couples pendant la construction, et je pense que la longueur est d'environ 18 ft (5,49 m). Periwinkle est un 17 ft seulement (5,18 m) et possède une étrave arrondie, aussi est-il handicapé par une longueur de flottaison significativement plus courte que Fulmar de Rick.

Dans la vidéo ci-dessus, vous pouvez voir par vous-même comment la voile au tiers bômée est performante face à un gréement plus classique. Notez que la voile est sur la « mauvaise» amure - c'est-à-dire que la voile est appuyée contre le mât, ce qui correspond à l'argument fréquemment entendu contre l'efficacité de la voile « asymétrique ».

Donc, ne rejetez pas la voile au tiers bômée juste parce que vous vous sentez mal à l'aise quant à l'asymétrie, ou parce que vous pensez qu'elle ne remonte pas bien au vent. Les voiles au tiers sont bon marché et faciles à faire, simples à manipuler, c'est un jeu d'enfant d'y prendre un ris, et elles sont très rapides à gréer et démonter. Plus un bateau est facile à gréer et dégréer, plus c'est avec plaisir que vous l'utiliserez [et plus souvent ! n.d.t].
Dans un autre billet [voir la traduction en français sur ce site même], je vais vous montrer comment vous pouvez améliorer la performance au vent de la voile au tiers bômée, en utilisant rien de plus qu'une courte longueur de cordage léger.