3 Robinsons à Aix

Le 20/04/2023

Dans Raconter

Texte et photos: David, Vincent, Daniel

Comme prévu dans le calendrier de VAP, une sortie a été organisée fin Mars en direction de l’ile d’Aix afin de passer une nuit à l’échouage.

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3 « marins des Pertuis » sont ainsi partis pour cette randonnée : David (sur Valentine IV), Vincent (sur le Major) et Daniel (sur Gros Merle).

La météo était incertaine, les jours prévus pour cette sortie se situant entre le passage de deux dépressions…

La croisière s’est transformée en aventures : chacun des participants en ayant une version différente.

Leurs récits respectifs relatent ces moments…

David :

J’ai quitté Port Neuf vers 9h35 lundi matin, pour profiter du vent (la météo montrait pas mal du vent le matin mais très peu dans l’après-midi) même si la marée était contre.

Daniel avait décidé de naviguer depuis la Flotte et Vincent ne pouvait pas sortir avant 15h30.

Au départ, je me trouvais sur une mer un peu agitée, avec une houle importante mais avec un bon vent qui me poussait à 3 nœuds vers le Sud malgré le contre-courant. Mais, après 1h30 de navigation, le vent a disparu entièrement !

Sur une mer d’huile j’ai donc ramé pendant 30 minutes mais avec le courant contre je ne pouvais pas faire avancer ma Valentine IV. Il a donc fallu démarrer le moteur jusqu’à la Pointe de Courdepont (à l’extrémité Est de l’ile d’Aix).

 Il était 13h00, donc l’heure de manger, de faire une sieste, de réfléchir sur les grands problèmes mondiaux, et d’attendre l’arrivée de Daniel.

Il arriva vers 16h30 après une journée longue et fatigante, et 30 secondes plus tard il se réfugiait dans sa cabine pour faire sa sieste !

Vers 18h15 nous avons traversé le champ de moules de l’Anse de Saillant, pour aller « plager » nos deux bateaux au fond de cette baie et les préparer pour la nuit.

Vincent arriva vers 20h20, juste avec le coucher de soleil.

Le temps de boire une bière, de manger nos repas, et au lit….

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Mais durant la nuit le vent a tourné vers le Sud-Est, est monté en puissance et nous a frappé toute la nuit ! J’avais peur de perdre ma tente et je n’ai pas du tout dormi. Le pire nous attendait cependant le mardi matin.

Nous savions qu’avec un coefficient descendant, il nous fallait installer nos bateaux pas trop haut sur la vase, mais lorsque est venue la marée, vers 09h00 nos bateaux restaient sur le sec ! Catastrophe !

Combinant nos efforts, nous avons réussi à libérer Valentine IV et je l’ai déplacé sur l’eau pour aider les amis. Mais même à nous trois il n’était pas possible de bouger les autres bateaux.

En ce qui me concerne, avec l’accord de mes deux amis (mais avec des émotions vraiment compliquées), je les abandonnai pour retrouver la route vers Port Neuf.

En partant, je savais que la météo avait prévu des rafales importantes pour ce matin et j’avais donc pris un ris. Au moteur pour quitter le parc à moules, avec le vent dans le nez, la mer était bien agitée ! Mais quand j’ai hissé mes voiles en tournant vers la Pointe de Courdepont, j’avais un vent du Sud mais pas de rafales. J’ai donc défait le ris et avec le courant favorable j’ai bien bougé, filant 3-4 nœuds.

Au bout du grand parc des huitres, après l’Ile d’Aix, le vent montait et la houle est devenue plus haute et plus rapide donc des conditions un peu plus compliquées. Mais j’ai déroulé à 5 nœuds sur une mer qui me fournissait un vrai test, jusqu’au phare du Bout du Monde.

Voilà la cale de Port Neuf à midi. J’étais fatigué, heureux d’être là, mais avec mes inquiétudes pour mes deux amis. (Je les laisse écrire leurs propres histoires).

Vincent :

Je suis parti de Port Neuf à 17h00, avec un léger vent et le courant me portant vers l'île d'Aix.

A mi-chemin par manque de vent j'ai alterné avirons et moteur durant 1h15, puis je suis arrivé sous voiles à la pleine mer vers 20h30.

Le major sous spi

Le petit coefficient ne nous permettant pas de remonter assez sur l'estran et de nous mettre plus à l'abri, le clapot et le vent nous ont chahutés un long moment durant la nuit.

Le matin, le départ était prévu à marée haute vers 09h10 mais un phénomène mystérieux (ou le manque d'expérience des capitaines !) a fait que nos bateaux ne flottaient pas assez, voire pas du tout pour Valentine IV (c’est sa faute, je vous dis !). On s'est donc attelés à pousser cette dernière (c'est « une » bateau anglaisE) à la mer, puis son capitaine s'en est allé sans se retourner et nous a lâchement abandonnés, Daniel et moi, à notre sort.

La suite sera racontée dans le récit concocté par notre futur "ex Président".

Daniel :

La météo jouait avec nos nerfs depuis une grosse semaine, nous guettions la fenêtre de navigation possible entre deux dépressions. La première est arrivée à heure dite, mais la seconde ayant été reportée de quelques jours, la petite sortie à l’ile d’Aix fut confirmée. Hélas l’entre deux dépressions fut synonyme de vent faible, et même de calme plat aux moments cruciaux.

Parti de La Flotte une demi-heure après la pleine mer du matin, 9H, Gros-Merle dut faire face d’entrée de jeu au vent de Nordet virant petit à petit à l’Est.

Mais malgré quelques rafales qui faisaient illusion, le vent avait de la peine à dépasser les 5 nœuds et le bateau lui aussi avait de la peine à lutter contre des vagues héritées de la dépression de la veille.

Il fallut 2 heures pour atteindre l’aplomb du fort de la Prée où le léger abattage vers le Sud-Est permit à Gros-Merle de faire une fois de plus preuve de ses capacités au près. Qui ne furent pas suffisantes longtemps, le vent faiblissant tandis que le clapot s’amenuisait fortement. Encore loin du pont à midi, il fallut mettre au moteur. Et ça a duré jusqu’à Aix.

Après une pause à côté de Valentine, la quatrième, rejointe à son mouillage temporaire à l’entrée de l’anse, quand le flux nous l’autorisa, nous avançâmes prudemment entre les sommets des bouchots encore visibles, pour aller se poser sur un semblant de plage à l’abri précaire d’un bout de terre. Avec la marée haute nous vîmes apparaître les voiles du Major mues par un vent suffisant pour atteindre nos positions. La nuit tombant rapidement, chacun se retrouva dans son embarcation et je testais pour la première fois le confort de la cabine. Le bateau s’était bien installé sur sa quille et les deux quillettes latérales. Rien ne bougea durant la nuit.

Le matin non plus…

Le semblant de sable recouvrait de la vase et Gros-Merle y avait solidement fait son lit, la marée haute s’avérant insuffisante pour le décoller sans intervention dynamique.

Quand nous eûmes décoincé Valentine IV échouée encore plus haut, la mer s’était déjà un peu retirée ainsi que nos illusions de pouvoir appareiller avant la prochaine haute mer, vers 21h00.

Plus que 9 heures a attendre

Un tiers de la flottille à flot, c’était déjà ça et la belle anglaise se fit la belle à l’anglaise.

Après avoir transvasé gréements et fourniments sur un reste de terre presque ferme, on se lança dans des travaux dignes de l’armée romaine. Le Major à force d’être secoué finit par se sentir moins amoureux de la boue aixoise et put être roulé sur des appendices gonflables jusqu’à une position avancée permettant d’espérer un départ au retour du flot. Restait Gros-Merle, fermement adhérant, le dessous de la quille inaccessible. Il fallut creuser.

Tout ce b l sur un si petit bateau

Heureusement la vase est molle par nature, mais suffisamment solide mêlée au sable pour ne pas s’affaisser à chaque pelletée tirée grâce à nos pagaies. Et puis, comme dit la chanson, « en dernière béquille il reste la godille ». Celle de Gros-Merle est assez lourde pour assommer un bœuf et surtout assez solide pour servir de levier et permettre d’insérer des boudins gonflables entre vase et quille. Nous réussîmes à faire avancer le bateau sur ses roulettes jusqu’à la limite de nos bottes qui avaient tendance à vouloir rester bien enfoncées.

Roule ma poule

Le fourniment et l’armement durent de nouveau être translatés dans les embarcations, mais à travers la vase cette fois. Quelques courbatures le lendemain.

Il aurait pu pleuvoir, mais non, et l’ile d’Aix quasi sans touristes était bien jolie à visiter. Nous en avions le temps.

Réunion au sommet : il faut se tirer de là pour la nuit, au mieux on rentre à La Rochelle, au pire on va à Fouras Nord.

Retour vers lr

Nuit claire, vent faible de secteur Sud, mer calme. Nous mîmes au moteur et à minuit les bateaux s’accrochèrent au ponton de la base nautique de Port-Neuf.

Gros merle dans la nuit des pertuis 1

Aller et retour à l’ile d’Aix au moteur, jamais Gros-Merle n’avait subi une telle indignité.

 

Pour finir, le dernier mot revient à Vincent : « Bon, il va falloir que tu trouves le vrai du faux dans nos trois histoires ! » …